[ André Montpetit. $. Dessin sur papier (1970) 27 x 21 cm. Publication dans la revue Challenge For Change No 5 Fall 1970. Office national du film du Canada. Collection privée. ]
[ André Montpetit. Zrouïk vlazimur a zing-zing.
Dessin sur papier (non daté). 30 x 22 cm. Œuvre inédite. Collection privée. ]
Fils d’un prospère illustrateur publicitaire, André Montpetit aurait bien pu en suivre les traces, mais son caractère rebelle en décidera autrement. Après un court passage à l’École des Beaux-Arts dont il ne peut tolérer l’encadrement, il entame dès la jeune vingtaine sa vie de bohème. Bateau ivre aspirant à voguer librement, il trouve un port à sa convenance au sein de l’Atelier libre de recherche graphique, nouvellement fondé par le graveur Richard Lacroix. Nourri par l’énergie bouillonnante d’une pépinière d’artistes, Montpetit en fait son lieu de prédilection. Les premières réalisations du jeune surdoué attirent l’attention. Ses dessins, affiches et sérigraphies, empreints d’un humour féroce, choquent le bon goût et bousculent les idées reçues.
À la fin des années 1960, celui que l’on surnomme désormais Arthur connaît ses moments les plus inspirés. Il réalise plusieurs illustrations à portée politique au sein du collectif Fusion des arts, un regroupement d’artistes de divers horizons s’employant à questionner le rapport entre l’art et la société. Au même moment, on assiste à la résurgence de la bande dessinée comme médium d’expression artistique. De nouveaux créateurs se rassemblent et s’organisent, donnant naissance à ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le Printemps de la bande dessinée québécoise. Repéré par le poète Claude Haeffely, André Montpetit se joint, avec Marc-Antoine Nadeau et Michel Fortier, au mythique Chiendent, premier groupe de bédéistes constitué au Québec.
Figure de proue de la discipline, Montpetit est alors au sommet de son art. Ses dessins novateurs et ses textes cinglants en font éclater les paramètres et suscitent l’admiration unanime de ses pairs. Ses cinq planches publiées entre 1969 et 1971 dans les pages du populaire magazine québécois Perspectives ressortent parmi les plus achevées de leur temps.
Mais bien qu’il bénéficie d’une tribune inouïe lui consacrant une double page couleur à grand tirage, Montpetit abandonne cette opportunité qui en aurait pourtant fait rêver plus d’un et bifurque envers et contre tous. Sans attache aucune, il vagabonde d’un point de chute à l’autre. À la demande de Pierre Hébert, il amorce un projet d’animation à l’Office national du film du Canada qu’il abandonne aussitôt. Marginalisé dans un environnement avec lequel il est en complète opposition, il s’isole progressivement et sabote les dernières opportunités qui se présentent à lui. Au cours des années 1980, l’être désincarné achève son repli et disparaît.
Le 27 septembre 2012, dans le cadre de la réalisation du documentaire Sur les traces d’Arthur, le cinéaste Saël Lacroix retrouve André Montpetit à l’hôpital Saint-Luc, après plus de 25 ans de réclusion. Un mois plus tard, soit le 30 octobre 2012, le loup solitaire s’éteint à l’âge de 69 ans.
[ André Montpetit. Extrait de Généricz. Diapositives et bande sonore, 1977. Office du film du Québec. Ministère des Affaires culturelles du Québec. BAnQ. ]
La création de la GALERIE ANDRÉ MONTPETIT a été rendue possible grâce au soutien de LA GUILDE GRAPHIQUE, LES FILMS DE GARY et LES FILMS DU 3 MARS.
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GALERIE ANDRÉ MONTPETIT - PORTRAIT D'UN OUBLIÉ DE LA NUIT